LE CHOIX
ARTICLE PARU DANS LE JOURNAL 308
Nathalie Dumoulin, titulaire du diplôme d’architecte, cogérante de la SARL « ATELIER D’ARCHITECTURE JEAN & DUMOULIN » – Inscription à l’Ordre : aquS02018
» Choisir un métier c’est renoncer, parfois avec regrets, aux autres professions. Devenir architecte a été ma façon de ne pas choisir, parce que ce métier comporte des dizaines de fonctions, parce qu’il implique curiosité, polyvalence et transversalité. Paradoxalement, il s’agit d’un réel engagement et donc d’un choix conséquent. Il est très difficile d’avoir une forme de distance vis-à-vis de son métier lorsqu’il est de cette nature. Il appelle à réinterroger ce qui nous entoure, à se savoir d’utilité publique mais sans que les autres ne le perçoivent nécessairement, à choisir la satisfaction autant que l’inconfort.
Ce choix, je l’ai fait par conviction, et je l’ai fait deux fois. En 2008, lorsque je suis devenue architecte D.E, et cette année, en obtenant l’HMONP par validation des acquis. Je fais partie des architectes diplômés après la fin du D.P.L.G et qui connaissent l’ambigüité du statut de D.E. Bien que conscients des enjeux de la réforme, il s’avère compliqué d’accepter certaines de ses conséquences. être architecte mais pas pleinement, au sein d’une profession qui n’implique pas de tiédeur, n’a rien d’évident. Pour autant, j’encourage ceux qui souhaitent être habilités à être suffisamment patients pour songer à la validation des acquis, encore trop peu envisagée alors même qu’elle constitue une alternative particulièrement appropriée.
L’objectif premier reste de se définir et de se positionner pour être en réelle adéquation avec son mode d’exercice. Très tôt, j’ai fait le choix d’une double activité. Convaincue de l’importance de la recherche formelle, j’interviens depuis 2009 à l’école d’art de l’agglomération Côte basque-Adour. En 2014, nous avons créé, à deux, un atelier d’architecture dans le Pays basque. Ce triple rôle d’architecte/cogérante/enseignante me porte, il me permet de ressentir une forme d’accomplissement, même si parfois il me malmène. A l’atelier, nous cherchons à optimiser chaque tâche pour pouvoir tenir tout en insistant sur notre vocation sociale.
Cet aller-retour entre viabilité et convictions résume les enjeux d’une petite structure, qui ne souhaite ni être liquidée, ni se vendre, ni mettre de côté ceux qui auraient réellement besoin de ses services. Notre choix de travailler pour les particuliers implique une aptitude à relativiser que nous espérons avoir un jour. Nous espérons surtout les amener à mesurer les difficultés inhérentes au projet, à respecter les règles établies ensemble pour son bon déroulement et à nous percevoir enfin comme ce que nous sommes : les membres d’une profession réglementée qui, de part leur engagement, ne pensent pas qu’à leur simple profit. »